Se donner les moyens de refaire une Cité.
La Résistance de l’herbe
Guillaume Bruyère,
dessins d’Isabelle Gueillet
Guillaume Bruyère,
dessins d’Isabelle Gueillet
En 1844, dans l’île Walpole (Ontario), des orateurs des peuples des Grands Lacs, réfugiés là, tiennent tête aux jésuites venus évangéliser. C’est la fin du Middle Ground, le terrain d’entente, de la mise en commun entre indigènes et colons, et le début du monde nu, moderne, univoque, où l’autre ne peut que disparaître ou se fondre, à moins d’être mis en réserve.
Cette rencontre a été transcrite par l’immigrant missionnaire, qui documente bien malgré lui l’argumentation abondante du rejet vif, articulé, presque goguenard, de la modernité terrible qui s’annonce.
Ce qui a résisté alors peut sortir de sa réserve. Ce livre veut contribuer, dans une langue historique, anthropologique, politique et poétique, à faire entendre ces voix qui, ayant refusé l’avènement d’un monde, en indiquent peut-être une issue.
Il est temps à présent de dissoudre l’homme et sa religion dans le reste de l’univers.
Cette rencontre a été transcrite par l’immigrant missionnaire, qui documente bien malgré lui l’argumentation abondante du rejet vif, articulé, presque goguenard, de la modernité terrible qui s’annonce.
Ce qui a résisté alors peut sortir de sa réserve. Ce livre veut contribuer, dans une langue historique, anthropologique, politique et poétique, à faire entendre ces voix qui, ayant refusé l’avènement d’un monde, en indiquent peut-être une issue.
Il est temps à présent de dissoudre l’homme et sa religion dans le reste de l’univers.
Collection Traversées
272 pages, 20,5 × 13 cm,
octobre 2024
Publié avec le soutien du CNL
272 pages, 20,5 × 13 cm,
octobre 2024
Publié avec le soutien du CNL
Lettres métèques
Sultana & Voahangy
Sultana & Voahangy
À Pâque l’amertume douce-amère de l’esclavage doit être ingérée pour faire effet et souvenir. On mélange dans une même bouchée du « mortier » fait de dattes et de pommes, et des « herbes amères » trempées dans du vinaigre. Ma mère demandait à mon père de ne pas insister sur le vinaigre et la feuille de salade n’était pas vraiment amère en fait, elle offrait un contenant à la petite boule de mortier. Et c’est beaucoup plus tard que j’ai compris vraiment l’amertume douce de l’esclavage en écoutant une émission sur la difficile liberté chez Levinas. De quoi sommes-nous encore esclaves? Car je n’ai pas le sentiment que nous soyons vraiment libres.
Sultana
Dans mon enfance, il n’y a pas de rituels familiaux religieux. Sans doute parce que mes parents ont rejeté leur tradition catholique. Du côté de mon père, dans un contexte colonial aliénant. C’était différent pour ma mère issue d’une histoire républicaine espagnole. Ils ont cru, un temps court, à la liberté des indépendances africaines, puis ils ont navigué à vue entre le Maroc, Madagascar et la France. J’ose une association hasardeuse sur l’amer : le goût des brèdes mafanescuisinées pour faire du romazava par ma mère. Mon fils apprécie ses petites fleurs jaunes qui donnent une sensation de piquant à cette « herbe chaude » dont le nom signifie : « Qui fait vibrer le palais. » Anamafana. Ici, le sens est à creuser, le langage à articuler, et je voudrais convoquer le pouvoir de transformation des plantes, goûter l’amer et le piquant pour y avoir accès.
Voahangy
Sultana
Dans mon enfance, il n’y a pas de rituels familiaux religieux. Sans doute parce que mes parents ont rejeté leur tradition catholique. Du côté de mon père, dans un contexte colonial aliénant. C’était différent pour ma mère issue d’une histoire républicaine espagnole. Ils ont cru, un temps court, à la liberté des indépendances africaines, puis ils ont navigué à vue entre le Maroc, Madagascar et la France. J’ose une association hasardeuse sur l’amer : le goût des brèdes mafanescuisinées pour faire du romazava par ma mère. Mon fils apprécie ses petites fleurs jaunes qui donnent une sensation de piquant à cette « herbe chaude » dont le nom signifie : « Qui fait vibrer le palais. » Anamafana. Ici, le sens est à creuser, le langage à articuler, et je voudrais convoquer le pouvoir de transformation des plantes, goûter l’amer et le piquant pour y avoir accès.
Voahangy
Collection Voix publiques
116 pages, 22 × 14,5 cm,
octobre 2024
116 pages, 22 × 14,5 cm,
octobre 2024
Iphigénie à Kos
Maria Kakogianni,
dessins d’Amalia Ramanankirahina
Maria Kakogianni,
dessins d’Amalia Ramanankirahina
Pendant que la catastrophe écologique et sociale fait ravage, un nouvel oracle énonce : il n’y a pas d’alternative.
Une femme se promène au bord de la mer à Aulis, lieu du sacrifice de la jeune vierge Iphigénie. Aujourd’hui, Aulis est un paysage ravagé par l’industrie. Difficile d’habiter cette terre maintenant, et nos mythes. Un homme d’une quarantaine d’années lui demande du feu, mais un simple échange verbal semble impossible, empêché. Des voix du passé se multiplient, des hallucinations au présent aussi. Le long d’un monologue polyphonique, au rythme des vagues, les voix se multiplient : qui parle? Que peut une rencontre? Est-ce que les bateaux sont partis?
Un petit vent souffle. Sur l’île de Kos, trois femmes se rencontrent. Une étrangère venant du Cameroun, une sage-femme à la retraite et sa voisine…
“Ère d’encre.
L’heure où le merle chante au milieu des conquêtes et des migrations.
L’heure où la réalité depasse la fiction,
et celle-ci sort ses griffes”
Une femme se promène au bord de la mer à Aulis, lieu du sacrifice de la jeune vierge Iphigénie. Aujourd’hui, Aulis est un paysage ravagé par l’industrie. Difficile d’habiter cette terre maintenant, et nos mythes. Un homme d’une quarantaine d’années lui demande du feu, mais un simple échange verbal semble impossible, empêché. Des voix du passé se multiplient, des hallucinations au présent aussi. Le long d’un monologue polyphonique, au rythme des vagues, les voix se multiplient : qui parle? Que peut une rencontre? Est-ce que les bateaux sont partis?
Un petit vent souffle. Sur l’île de Kos, trois femmes se rencontrent. Une étrangère venant du Cameroun, une sage-femme à la retraite et sa voisine…
“Ère d’encre.
L’heure où le merle chante au milieu des conquêtes et des migrations.
L’heure où la réalité depasse la fiction,
et celle-ci sort ses griffes”
Collection Traversées
28 pages, 20,5 × 13 cm,
janvier 2024
Publié avec le soutien du CNL
28 pages, 20,5 × 13 cm,
janvier 2024
Publié avec le soutien du CNL
Les limites à la croissance.
Meadows : questions raisonnées
Zoé Steep
Meadows : questions raisonnées
Zoé Steep
Alors que plus de cinquante ans se sont écoulés depuis la publication de The limits to growth et le modèle World3, tous deux issus de la commande du Club de Rome à Dennis et Donella Meadows et leur équipe du MIT en 1972, nous avons constaté que ce moment important de la pensée systémique sur les modèles de croissance, qui engagent des modes de vie, restait méconnu. Déjà perçues auparavant, les limites planétaires ont été incontestablement établies par le rapport Meadows ; pourtant, l’épuisement des ressources et la dégradation du système-Terre se sont poursuivis dans un « business as usual » qui nous a conduits dans une situation critique. Les décisions qu’impliquait ce rapport n’ont pas été prises, et celles qui l’ont été ne sont pas du tout à la hauteur de la situation. Nous avons jugé nécessaire de prendre à bras-le-corps une énigme scientifique et politique : pourquoi courons-nous à notre perte comme s’il s’agissait de notre salut, tout en disposant d’outils permettant d’avoir une vision lucide de ce qui nous arrive? Pour répondre à ces questions, Zoé Steep a réuni des spécialistes des computer sciences et des chercheurs en études environnementales, a organisé une réflexion interdisciplinaire pour aboutir à ces questions raisonnées. Ces vingt-trois notices interrogent les conditions de production du rapport, les logiques qui organisent la modélisation adoptée, interrogent le rapport lui-même, sa postérité et son usage. À sa manière, modeste et collective, ce livre participe à ce qui semble être un des enjeux majeurs de notre présent : une certaine rupture entre la vision lucide et l’action à travers la décision.
Collection Voix publiques
octobre 2023
octobre 2023
La collection Voix publiques intervient dans l’espace public démocratique à l’articulation des arts, des savoirs et des expériences, avec des gens qui ont encore l’impertinence de penser qu’ils peuvent s’autoriser à penser. Les textes y sont brefs mais pas trop, sérieux mais pas trop, homogènes mais pas trop.
Excès, collection Sciences humaines fournit les armes de la critique et de la réflexivité pour agir avec lucidité, car éthique et politique engagent les savoirs et donnent sens au désir de savoir.
Excès, collection Traversées propose des gestes d’écriture et de traduction littéraires comme actes politiques de notre temps. L’altérité y devient le lieu où travaillent les langues des “entre monde”.
Excès, collection Sciences humaines fournit les armes de la critique et de la réflexivité pour agir avec lucidité, car éthique et politique engagent les savoirs et donnent sens au désir de savoir.
Excès, collection Traversées propose des gestes d’écriture et de traduction littéraires comme actes politiques de notre temps. L’altérité y devient le lieu où travaillent les langues des “entre monde”.
© Éditions Excès 2020